Le 7 mars 2023, la Plateforme Féministe pour la Terre (Feminist Land Platform – FLP) a organisé une table ronde parallèlement à la CSW67, en partenariat avec OXFAM International et avec le soutien de la Fondation Ford, intitulée « Élargir les droits des femmes à la terre et aux territoires pour garantir un environnement durable et des conditions de vie dignes ». Trente femmes d’Amérique latine, d’Afrique du Nord, d’Afrique, des États-Unis et d’Europe, représentant des organisations de femmes et de féministes de divers horizons, perspectives et points de vues, ont participé à l’événement en réponse à la nécessité d’élargir la dimension et la qualité des stratégies de résistance et de changement, à travers la construction d’un réseau d’organisations qui travaillent sur les droits fonciers des femmes et l’environnement.
Répondant à l’appel de la FLP à former des alliances pour occuper des espaces stratégiques à tous les niveaux en engageant les organisations féministes et les leaders dans une participation active et des processus de prise de décision pouvant améliorer la vie des femmes et ses droits à la terre, nous convenons de :
• Nous positionner comme un mouvement non partisan axé sur une résistance contre-hégémonique, décoloniale et anti-oppression qui lutte contre l’inégalité des sexes liée à la terre et aux ressources naturelles. Par conséquent, chaque action que nous entreprenons s’oppose au racisme structurel et toutes ses facettes, qui se manifestent dans des éléments tels que la race, le sexe, la classe, la caste, la religion, la culture et l’orientation sexuelle, entre autres.
• S’opposer à la criminalisation des mouvements sociaux, qui menace les processus et les institutions démocratiques, les droits humains et les personnes défenseures des droits humains, comme en témoigne le rétrécissement des espaces démocratiques dans le monde à travers les abus des forces militaires ou policières, souvent légitimés par les règles normatives mises en place.
• Rejeter toutes les formes de violence et d’abus politiques et étatiques et des violations des droits humains qui affectent principalement les femmes et les enfants dans tous les domaines de leur vie – santé, éducation, logement, terres, moyens de subsistance, etc.
• Rejeter la militarisation et l’imposition de politiques mondiales qui visent à réprimer la résistance et la contestation des populations appauvries dans leur droit légitime de manifester.
• Soutenir et contribuer à l’amélioration des connaissances, comme le montre l’expérience locale en matière de lutte contre les fondamentalismes d’un système néolibéral et extractif et des gouvernements autoritaires et des groupes néofascistes qui mettent la démocratie en danger et sont de connivence avec la régression continue des droits fondamentaux des femmes et des groupes LGBTQI+, perçue dans les aspects quotidiens de la vie – religion, culture et éducation.
• Agir comme un catalyseur – à travers des messages, des déclarations, valorisant la production et les connaissances des organisation locale – défiant ainsi la diffusion de fausses informations et défendant les droits des femmes à la terre et aux territoires aux niveaux local, régional et mondial.
• Approfondir l’analyse régionale et le consensus dans la défense des démocraties en rassemblant les organisations de femmes féministes avec un partenariat politique indépendant.
• Promouvoir l’Accord d’Escazú, notamment en ce qui concerne la souveraineté alimentaire et la défense des terres et des territoires.
• Encourager la solidarité avec d’autres groupes, organisations et mouvements sociaux féministes et de femmes tout en renforçant l’agenda politique pour les femmes et leurs luttes sur le terrain pour la défense de leurs corps-terres-territoires.
Appel à l’action
En tant qu’appel à l’action dans notre positionnement collectif vers un programme intersectionnel de genre véritablement transformateur pour les mouvements de femmes pour le droit à la terre et aux territoires et ceux qui les soutiennent, nous avons convenu de la nécessité de mettre en œuvre et de plaider de toute urgence ce qui suit :
• Renforcer les capacités des jeunes femmes en matière de féminisme politique décolonial
• Veiller à ce que les femmes de la base, qui sont à l’avant-garde de la lutte pour les droits fonciers et environnementaux, soient écoutées et leurs priorités et besoins soient respectés pour garantir leurs droits terriens et territoriaux.
• Renforcer les mouvements en tant qu’un pont important permettant aux organisations de base de se positionner et d’apprendre des autres expériences à travers le monde.
• Tenir compte des structures géopolitiques et économiques oppressives qui exploitent les peuples et les territoires du Sud, en particulier les femmes, dans toutes les analyses et les plaidoyers.
• Échanger les stratégies que nous avons construites en tant que femmes dans la défense de nos territoires aux niveaux local et régional.
• Planifier de nouvelles stratégies de plaidoyer au-delà des frontières afin que nous puissions élargir et renforcer nos voix.
• Travailler à l’échelle mondiale pour valoriser les pratiques et attitudes transformatives pour créer un programme collectif commun
• Éduquer les hommes à apprendre et à percevoir leurs privilèges, en comprenant que les corps des femmes n’appartient qu’aux femmes et que les hommes doivent les respecter.
• Travailler collectivement via des plateformes créant solidarité et soutien pour les femmes qui ne peuvent pas s’exprimer en raison de systèmes oppressifs.
• Collecter des informations et des connaissances dans les bases de données pour servir de preuves pour le plaidoyer, pour que les institutions internationales puissent en prendre connaissance.
• Ouvrer pour que les donateurs soient informés par les femmes de base et leurs organisations, afin qu’ils respectent leur travail et leurs besoins en fonction de leurs réalités spécifiques. Le soutien des donateurs doit répondre aux besoins de ces femmes, renforcer leur travail local dans leurs différents contextes et leur permettre de défendre et de revendiquer directement leurs droits au niveau international.
• Mener des recherches sur les causes profondes précédemment identifiées et comprendre leurs fonctionnement et conséquences.
Considérant les défis mondiaux urgents qui menacent les démocraties, l’environnement, les groupes marginalisés, la paix mondiale et la vie elle-même, et plaçant au centre de toutes les discussions notre positionnement et les actions urgentes indiquées ci-dessus pour provoquer la transformation, nous exigeons la participation inclusive et effective des femmes et la fin de tous les types de violences envers elles ; ainsi qu’un soutien à nos mouvements au niveau communautaire afin que nous puissions mener nos formations, échanger des expériences entre nos mouvements et continuer à apprendre les unes des autres.
Enfin, nous appelons toutes les personnes présentes à la CSW67 à unir leurs forces dans la lutte pour la justice de genre et les droits des femmes à la terre et aux territoires, ainsi qu’à s’unir et amplifier les voix et les luttes des femmes de diverses horizons, contextes et conditions, en créant des alliances pour changer les pratiques et normes sociales oppressives pour une société juste et égale pour toutes les personnes.
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